La permanence comme expérimentation du réemploi | Sonia Vu, architecte
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Sonia Vu est architecte. Elle raconte ses expérience en permanence architecturale (Venise, Le Manable à Argentan) qui ouvrent les perspectives et proposent une méthode pour l’expérimentation (études, chantier, réemploi...). Son témoignage insiste particulièrement sur la question du réemploi. Par exemple, sur le chantier du WIP a été expérimentée la première porte coupe-feu en réemploi. La jurisprudence s’immisce dans les brèches et les failles. La prise de risque n’est jamais inconsciente mais toujours responsable. La permanence nécessite un mélange de naïveté et de compétences. Il faut accepter de ne pas savoir, s’autoriser un droit à l’erreur que l’on rattrape ensuite. Quelque chose qui n’a pas fonctionné permet de tester d’autres choses, transformant ainsi la vision habituelle de « l’échec ». « Il faut être audacieux dès le début, puisqu’on perdra toujours un peu au fil du projet ». La norme a cependant un grand intérêt : « beaucoup de choses ont été poussées sur le béton donc on peut faire beaucoup mais on manque de normes sur la construction en bois, on rentre donc moins dans un cas et on peut moins faire ». La jurisprudence comme étude et travail de preuve par l’essai fait évoluer la norme et permet de renforcer de nouveaux projets ensuite. Le récit est la meilleure boîte à outils pour partager ces expériences.