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Louis-Marie Belliard est responsable d’opérations à Territoires, la société d’aménagement de la ville de Rennes et de sa métropole. De 2015 à 2021, il s’occupe du chantier de l’Hôtel Pasteur. Dans cet entretien, il explique le rôle d’un aménageur dans un programme classique et, en contrepoint, la singularité du projet de l’Hôtel Pasteur. Lorsqu’il arrive dans le bâtiment, celui-ci foisonne de vie et expérimente déjà le décloisonnement entre savoirs techniques et savoirs intellectuels. Dès lors, le rôle de l’aménageur n’est pas d’y proposer des solutions mais plutôt, en confiance avec l’architecte, de conduire un chantier qui ne figera aucun des usages du bâtiment. À la fin de l’entretien, Louis-Marie Belliard raconte comment ce projet a transformé la vision qu’il a de son métier et les nouvelles pratiques qu’il met désormais en place dans ses projets.
Avenant à la décision du conseil municipal de Beaumont encadrant le mécanisme des loyers par lequel les locataires des Bogues du Blat peuvent initier des travaux dans leur maison, qui seront valorisés dans le paiement de leur loyer. Si la municipalité paie les matériaux et que les habitantEs font les travaux, la somme investie est récupérée en augmentant un peu le loyer. Et si les locataires restent moins de sept ans dans leur logement, la commune leur rembourse, au prorata, les sommes qu’ils et elles y ont investi.
Charte rédigée en 2010 par le premier groupe de locataires des logements communaux des Bogues du Blat établissant des règles de vie commune et de gestion des espaces partagés.
Histoire et récit des expérimentations du laboratoire du dehors, démarche interdisciplinaire et localisée qui porte attention aux paysages délaissés à travers une cartographie patiente et des gestes économes.
CLARISSE Catherine, « Maquettes de travail participatif de l’Atelier Construire » dans AMSELLEM Guy & GRUBERT Mireille (dir.), La maquette, un outil au service du projet architectural, Ed. Des Cendres & Cité de l'Architecture et du Patrimoine, Paris, 2015.
Quel est le rôle de la maquette dans l’élaboration du projet et dans l’enseignement du projet ? La maquette est-elle devenue au XXe siècle un outil de recherche artistique en soi ou un mode d’exploration des utopies architecturales ? De quelle manière la maquette participe-t-elle aux stratégies de communication des architectes et des maîtres d’ouvrage ? Ce colloque a rassemblé des professionnels de huit pays, d’horizons divers – architectes, conservateurs, chercheurs et maquettistes –, afin de confronter leurs points de vue et de faire avancer la connaissance sur un sujet en permanente évolution aujourd’hui avec l’utilisation croissante des représentations numériques.
« Redonner vie, à moindre coût, à un bâtiment public dont la Ville ne sait plus quoi faire. C’est la contrainte de départ que le maire de Rennes posait en 2013 à Patrick Bouchain. Dans une ville où la tension foncière est forte, il y a nécessité sociale et démocratique à occuper ce bâtiment vide.
L’Université foraine sera sa réponse, un tiers-lieu culturel ouvert à tous, pour une société émancipée, responsabilisée, participative. Le projet vise à démontrer que des jeunes gens sont capables de prendre en main leurs affaires. Chacune des associations temporairement hébergées dans le lieu est invitée à tirer ce projet collectif vers le haut, en participant à l’entretien et à l’embellissement du bâtiment. La jeune urbaniste Sophie Ricard est chargée de la mise en œuvre, qui compte son lot de détracteurs.
L’utopie l’emportera-t-elle sur le pragmatisme ?
L’étrange histoire d’une expérience urbaine opère au croisement de deux questions cruciales dans les transformations en cours : 1. Comment recycler les bâtiments désaffectés (tant en ville qu’en campagne), 2. Quels nouveaux usages pour les espaces publics ? »
Édito : Serge Steyer
à voir en ligne sur le site de KuB (Kultur/Bretagne) jusqu'au 19 juillet 2023
DONADA Julien, L’étrange histoire d'une expérience urbaine, production Kepler 22 et Colette Quesson - À perte de vue, 2016, 52 minutes (film)
Boulogne-sur-Mer, un quartier excentré, une rue comme une courée. Des pavillons des années soixante-dix qui se déglinguent.
Une spirale de délaissement plus ou moins résigné, des gamins qui s’attaquent à ce qui reste debout. Les habitants souvent marginalisés, précaires mais qui ont tissé des liens. Une grande famille, disent-ils.
Le monde extérieur, c’est le bailleur HLM, la municipalité, les caisses de retraite ou de chômage, l’école…
Une rénovation est prévue…
Chronique polyphonique d’un chantier de trois ans à Boulogne sur Mer, au cœur d’une rue délaissée par la ville, avec des habitants marginalisés bien décidés à participer au renouveau de leur maison. Ils seront accompagnés par une jeune architecte, Sophie Ricard qui habitera avec eux dans la rue le temps d’une aventure humaine et militante.
Avec Sophie, c'est aussi l'histoire de cette rue qui se raconte à travers quelques familles.
KÉBADIAN Jacques et RICARD Sophie, Construire ensemble la rue Auguste Delacroix – La maison de Sophie, La Fédération romande de l'animation, 2014, 1h08 (film).
Cinquième conférence du cycle « Métamorphoser l'acte de construire », proposé par le mouvement pour une Frugalité heureuse et créative.
27 octobre 2020
Présentation de la publication « Révéler, cultiver, réhabiter - Retour sur une décennie d’architectes en résidence » par Élisabeth Taudière, architecte et directrice de Territoires Pionniers, et Marin Schaffner, auteur et co-directeur des éditions Wildproject, le 10 février 2022.
Les résidences d'architectes
En amont de l’écriture ou de la réponse à une commande définie, les permanences peuvent aussi être des modes d’actions privilégiés pour appréhender et comprendre finement un territoire, dans l’épaisseur de sa réalité. Pour cela, elles peuvent prendre des noms et des formes diverses : architecturales, paysagères, territoriales, mais aussi « résidences d’architectes », ou « permanences de recherche », dans la lignée des recherches-actions. À travers ces différents cadres, un même objectif se dessine : celui d’une permanence pour dresser l’état des lieux d’un territoire. L’enjeu réside dans la formulation d’une question concrète ou d’un sujet précis, sur le terrain même où elle est apparue, par l’expérience de ce sujet et l’activation de ses différentes parties prenantes.
Les Résidences d’architectes peuvent être portées par les Maisons de l’Architecture, les Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE) mais aussi les Parcs Naturels Régionaux (PNR) et autres opérateurs de ce type en phase de diagnostic, pour accompagner les collectivités sur des temps courts à réfléchir in situ et de manière collective, à leur problématiques urbaines ou rurales. De manière opérationnelle, cela peut prendre la forme d’un appel à résidences pour de jeunes architectes, urbaniste et paysagistes, pour des immersions allant de plusieurs semaines à plusieurs mois. La démarche est co-construite en amont avec l’opérateur de la mise en œuvre de la résidence ainsi que la collectivité dans laquelle elle va s’implanter, et d’autres acteurs-ressources du territoire (habitantEs, associations, services municipaux, institutions associées au projet, services de l’état déconcentrés…). La restitution de la résidence est destinée à transmettre une pensée et un récit commun pour accompagner les territoires et leurs problématiques.
La Maison de l’architecture Basse-Normandie | Territoires Pionniers a été un des premiers acteurs à mettre en place des appels d’offres de « Résidences d’architectes », notamment en milieu rural éloigné de ce genre d’ingénierie et d’expertise en local. Certains CAUE ont ensuite développé ce type d’appels d’offres en vue d’accompagner les collectivités en prise avec certaines situations bloquées, ou tout simplement pour déployer des potentialités qu’offrent leurs territoires et leurs patrimoines. D’autres types d’acteurs comme les Parcs Naturels Régionaux peuvent mettre en place ce type de leviers en amont de toutes commandes, afin d’accompagner les territoires souvent isolés dans leur transformation. Ces typologies de résidences d’architectes n’aboutissent pas toujours à des suites opérationnelles, mais leur développement accru ces dernières années sur tout le territoire et à travers différents cadres institutionnel laisse entrevoir des espoirs en ce sens.
Ça doit faire une drôle d’impression de retourner dans son ancien collège aux fins d’écrire la commande d’un nouvel établissement scolaire qui doit le remplacer. C’est ce qui est arrivé à Agathe Chiron, architecte designeuse pour le collège Ernest Renan de Saint Herblain près de Nantes. Avec Pascal Ferren, ils sont assistants à la maîtrise d’ouvrage et maîtrise d'usages pour le conseil départemental de Loire-Atlantique qui a la compétence des collèges. L’appel d’offre qu’ils rédigent impose aux architectes d’être accompagné par un designeur de service, soucieux qu’ils sont de travailler en amont avec les usagerEs, surtout pour des programmes particulièrement contraints comme ceux des établissements scolaires. En juin 2021, le département recrute l’agence K Architectures. Après un premier designeur qui préféra finalement se retirer du projet, c’est Charlotte Cauwer qui rejoint l’aventure pour trois ans. En un an, sa mission de designeuse au sein de la maîtrise d’œuvre a déjà permis de repenser bien des espaces et des usages du futur collège, le tout pour une participation minime au budget total du projet (0,4% du budget de la maîtrise d’œuvre).
Architecte de formation passée par le collectif PEROU (Pôle d'Exploration des Ressources Urbaines) pour expérimenter, dit-elle, une architecture non conventionnelle et explorer les ressources urbaines dans un souci d’hospitalité, des bidonvilles de Calais à l’accueil des sans-abris dans la capitale, elle a travaillé six ans durant au Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Essonne où elle s’est familiarisée à l’urbanisme transitoire, à tout ce patrimoine contemporain déjà vacant dans lequel elle a pu mettre en place des permanences architecturales aux fins de le réhabiliter. Au collège de Saint Herblain, elle devient « envoyée spécial » selon ses mots, designeuse en permanence, présente plusieurs jours par semaine pour observer les usages, croquer dans son carnet les manières d’habiter ce lieu, sensibiliser la communauté éducative et les collégienNEs au chantier du futur collège et recueillir auprès d’elles et eux, par mille et une ruses, ce qui en fera un établissement co-construit avec celles et ceux qui y travailleront.
« En 2018, une trentaine de personnes se réunissent à la Caserma Pepe à Venise. Invité à la biennale d'architecture par le commissaire d'exposition du pavillon français, le collectif d'architecture Encore Heureux, L'Hôtel Pasteur se donne une semaine d'expérience collective.
Collectif pluridisciplinaire, l’Œilleton s’est fédéré autour de l’expérience urbaine et humaine menée à Rennes par l’Hôtel Pasteur depuis les débuts de l’Université foraine en 2013. À la fois journal sensible et carnet de chantier, [ses] sujets et [ses] formes restent volontairement libres et en mouvement, à l’image du lieu en transformation. Le projet est résolument fondé sur le réemploi et l’échange des expériences : une matière sonore et visuelle réemployée pour la réalisation de multiple productions ».
Collectif l’Œilleton, Les actes de Venise, 2021, France, 43 minutes, (film)
En 2021, Fanny Taillandier, écrivaine sensible aux questions d'urbanisme, anime une "mission jeunesse" sur le chantier du "Lycée avant le Lycée" avec les élèves et apprentis du lycée professionnel De Vinci de Bagneux pour dessiner les espaces du futur établissement scolaire.
Bilan de la première phase de projet du "Lycée avant le Lycée" de Bagneux (2018-2019-2020)
Convention financière par laquelle BNP Paribas Immobilier Résidentiel soutient la démarche de la permanence architecturale de l'association Notre Atelier Commun. Il s'agit ici d'un soutien direct, par l'aménageur privé sur une part de ses fonds dédiés à Ville pour la concertation, via une convention de financement à une association pour conduire une démarche expérimentale en lien et place d'une maison classique du projet. Les livrables correspondent aux actions définies par l'association et produites sur le terrain.
Une permanence tripartite se monte pour réfléchir avec les habitantEs, via un chantier ouvert, au programme pédagogique et architectural de l’établissement scolaire.
Convention d’occupation précaire et contrat d’objectifs et de moyens passés entre la Ville de Rennes et l’Association de l’Hôtel Pasteur déléguant aux usagerEs la gestion du lieu pour cinq ans renouvelables.
Le chantier de l'Hôtel Pasteur se voulait ouvert, notamment à la formation et à l'insertion professionnelles. Les Compagnons Bâtisseurs ont ainsi fait participer au chantier une centaine de personnes socialement délaissées sous forme de sessions de formation de trois semaines renouvelables.
L'association qui gère et anime l'Hôtel Pasteur est collégiale. A l’inverse d’une association classique où les responsabilités sont confiées à un bureau de dirigeants occupant une fonction précise (président, secrétaire, trésorier, par exemple), une association collégiale permet de répartir les responsabilités entre tous ses membres, encourageant ainsi leur autonomie et la discussion collective.
Mission pré-opérationnelle d'assistance à maîtrise d'ouvrage et de gestion-animation de l'Hôtel Pasteur signée entre la Ville de Rennes et l'aménageur Territoires Publics pour, dans un premier temps, en assurer l’ouverture, l’animation et la sécurité en continuant la mission de permanence architecturale.
Annexe à la mission pré-opérationnelle confiée par la Ville de Rennes à l'aménageur Territoires Publics, la Ville met à disposition de ce dernier, à titre gracieux, le bâtiment de l'Hôtel Pasteur
Convention signée entre la Ville de Rennes, Rennes Métropole et Notre Atelier Commun permettant l'occupation du bâtiment Pasteur et la mise en place d'une permanence architecturale par l'Université Foraine
En 2018, les architectes d’Encore Heureux sont les commissaires du pavillon français lors de la Biennale d’architecture de Venise. Ils invitent dix « lieux infinis » dont l’Hôtel Pasteur. C’est ainsi que l’association et une délégation de la Ville de Rennes, emmenée par la maire Nathalie Appéré, partent en séminaire d’étude pour réfléchir à la future gestion du lieu.
En 2018, les architectes d’Encore Heureux sont les commissaires du pavillon français lors de la Biennale d’architecture de Venise. Ils invitent dix « lieux infinis » dont l’Hôtel Pasteur. C’est ainsi que l’association et une délégation de la Ville de Rennes, emmenée par la maire Nathalie Appéré, partent en séminaire d’étude pour réfléchir à la future gestion du lieu.
Convention signée entre la Ville de Rennes et l'aménageur Territoires Publics déléguant la maitrise d'ouvrage du chantier (école maternelle, hôtel à projets) qui pérennise la permanence architecturale
Bilan de l'Université Foraine (2012-2015), préalable au chantier de l'Hôtel Pasteur, qui « se propose d’intervenir sur des sites inoccupés, sans programme prédéfini, et de faire émerger un projet par la participation, l’ouverture au public, en travaillant sur l’appropriation »
Document remis à la Ville de Rennes au terme de l'Université Foraine dans l'Hôtel Pasteur qui combine étude des usages expérimentés dans le bâtiment grâce à la permanence architecturale et proposition d'une série de travaux de mise en sécurité, d’accessibilité et de « confort ».
La permanence architecturale comme levier d’accompagnement des transformations politiques et sociétales dans le cadre de la fabrique de la ville.
Mobiliser la commande artistique pour construire collectivement sept logements sociaux en milieu rural
2022 - 2025
Le Laboratoire des Délaissés est un programme de recherche en actes, porté par la Chaire de Philosophie à l’Hôpital et la démarche de la Preuve par 7, dont l’enjeu est de questionner la notion de soin et d’attention en urbanisme, architecture et paysage, entendue au sens large1. Inspiré par l’éthique du care, il pose comme hypothèse que les innombrables délaissés – humains, paysagers, construits ou non – dans et avec lesquels nous vivons2 ont des enseignements à nous offrir et des défis à nous tendre, si nous prenons le temps de les comprendre. Nous prendrons donc ce temps d’écoute et de dialogue, pour repenser ensemble ce que pourraient être les manières de ménager3 nos territoires, et les formes de vie qui les habitent. Nous tenterons de démontrer qu’occuper ces espace-temps et ces espaces construits permet de réinventer le commun.
D’où nous parlons 4
La Preuve par 7 : se fédérer pour transformer les cadres
Nous sommes architectes, urbanistes, paysagistes, designers. Nous pratiquons et nous réfléchissons depuis de nombreuses années, à travers les expériences et expérimentations construites que nous menons sur de multiples territoires, pour améliorer les conditions de vie en commun5. Nous tentons de réinventer des manières de faire6 plus sensées, vertueuses et partagées, avec l’intuition que ces méthodes de travail à partir du « déjà-là »7 ont favorisée une architecture et un urbanisme du lien8 et du soin9.
Pour cela, nous devons sans cesse déjouer, ménager, ou repenser10 les cadres de l’exercice habituel qui incombent à nos disciplines et nos métiers. À partir de nos expériences, nous souhaitons à présent contribuer à la transformation de ces cadres – réglementaires, administratifs, économiques, mais aussi épistémologiques et culturels, pour ouvrir les voies à d’autres acteurs et actrices autour de ces manières de faire.
Pour un droit à l’expérimentation
La Preuve par 7 est une démarche soutenue depuis 2018 par les ministères de la Transition écologique et de la Culture, et avec la participation de la Fondation de France. Elle vise à inscrire dans le réel ce que la loi du 7 juillet 201611 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine considère jusqu’à présent comme une simple « possibilité »12 : expérimenter de nouvelles façons de construire afin de faire évoluer les usages ; mettre le chantier à l’épreuve d’une écologie effective, sans concessions ; retrouver le sens politique de l’acte de construire dans la constitution d’un commun13, matériel (le bâti) et immatériel (l’expérience et les savoirs partagés).
Sept échelles territoriales
La Preuve par 7 intervient à sept échelles de projet à travers la France, qui couvrent tous les contextes territoriaux : le bâtiment public désaffecté, le village, le bourg, la ville, la commune de banlieue, la métropole régionale, et le département d’outre-mer. Ces échelles couvrent une dizaine de sites d’expérimentation et de thématiques, qui montrent en quoi l’acte de construire est un prétexte pour aborder des questions de société : la santé, la jeunesse, le travail, la culture, l’éducation, ou encore la démocratie. La Preuve par 7 accompagne ces projets, qui s’appuient sur des triptyques d’acteurs locaux volontaires : des décideurs politiques, des opérateurs et des « forces vives » publiques ou privées, usagerEs et riverains.
Multiplier les possibles
Si la loi est générale, les territoires, la géographie, les acteurs et actrices, leurs enjeux ne sont pas identiques14. Il s’agit, à travers ces différentes échelles, de travailler sur l’interprétation du droit, et sur ce qu’il y a de commun dans cette diversité. Il s’agit aussi de s’emparer de questions transversales, concernant non seulement la construction mais la vie commune. Parce que les projets qu’accompagne la Preuve par 7 cherchent des réponses à ces questions, elle peut en retour généraliser les réflexions, transmettre les conclusions, tester les solutions à d’autres échelles, dans d’autres lieux. Cette concentration d’expériences a vocation à faire jurisprudence, l’objectif ultime étant de rendre courantes et reconductibles des démarches et des méthodes jugées jusqu’à présent conjoncturelles et atypiques. La documentation de l’expérience et les échanges autour des projets est un précieux outil au service de cette diffusion, qui prend appui sur cette plateforme en ligne. La Preuve par 7 cherche à faire école15 plutôt qu’à faire modèle.
Fondements
Prendre le temps de questionner
La programmation ouverte
Plutôt que de considérer qu’un programme architectural ou urbain est défini en amont du chantier, nous mettons en place une occupation progressive du site du projet, avant le début du chantier, pour révéler ses potentiels usages futurs et les intégrer au programme – qui reste ainsi ouvert. Chaque acte et chaque occupant-e contribuent à la programmation finale et à l’aménagement du bâtiment, et met à l’épreuve le programme. Il s’agit d’un temps actif, vivant, qui s’inscrit dans la durée et dans le territoire, et qui mobilise les volontés de faire sur place. Le programme se teste, la conception s’enrichit, et au fur et à mesure les actes constructifs, même modestes, préparent le chantier.
La permanence de projet
La permanence est au cœur de la méthode de la Preuve par 7. Elle permet de mettre en œuvre la programmation ouverte. Sur le site du projet, un local est ouvert par unE permanentE. Il ou elle devient une figure repérable sur le territoire, qui détient la clef pour ouvrir et mettre en action l’occupation d’une partie du site, en permettant à chacunE – les habitantEs, les associations, les multiples acteurs et actrices du projet… – de trouver une place, de réfléchir et d’agir ensemble. La permanence devient le lieu catalyseur d’une communauté de personnes avec leurs idées et désirs, qui se concrétisent et viennent enrichir la programmation. Le temps long de la permanence16 permet d’accepter les rythmes de chacun et de laisser l’imprévu prendre sa place, pour que les phénomènes ordinaires, par leur bon sens, remettent en question le modèle imposé.
Faire feu de tout bois
La Preuve Par 7 fait le pari que la valeur financière n’est pas l’alpha et l’oméga du projet de territoire : d’autres valeurs sont créées par la transformation, et ce dès le temps du chantier. Au cœur de la démarche, il y a l’association des porteurs du projet avec des acteurs locaux, privés et publics, politiques et associatifs. Cet attelage permet de penser différemment les investissements financiers, de croiser les sources de financement, en faisant le pari de s’appuyer avant tout sur ce qui est déjà présent sur place. L’enjeu est aussi celui de la création de valeur en nature, notamment par la formation, et par la transmission d’un savoir expérimental.
Expérimenter sur le terrain
Accueillir le vernaculaire
Le vernaculaire, c’est ce qui est quotidien, populaire, local. L’architecture vernaculaire est une démarche qui, portée par le temps long, est modelée par les usages et s’adapte aux enjeux contemporains17. Elle met en valeur les matériaux locaux, mais aussi les savoir-faire spécifiques pour construire ou réhabiliter le patrimoine bâti. La démarche de la Preuve par 7 entend créer des ponts entre savoirs vernaculaires et savoirs savants, en faisant dialoguer concrètement des expertEs académiques et celles et ceux de terrain, qui agissent sur le territoire – éluEs, habitantEs, société civile… Cela se traduit par des temps de rencontres ou journées d’études sur les lieux-mêmes des projets.
L’écologie du déjà-là
Construire durable, c’est respecter la continuité temporelle entre passé, présent et futur. C’est faire le pari que le présent est appelé à jouer un rôle dans l’avenir. La friche, le lieu apparemment vacant, le lieu à venir sont entourés de voisins et voisines qui pratiquent cet espace et le façonnent. L’écologie du déjà-là18 engage à considérer les sites de projets comme des territoires déjà marqués par une histoire, un sol, et inscrits dans des réseaux. Il s’agit de prendre en compte ces aspects, de les travailler, de les vivre, de les préserver et de leur donner leur place dans le projet à venir.
Construire collectivement
Réunir : un partenariat public-privé vertueux
La chaîne traditionnelle de l’aménagement doit évoluer : la répartition des rôles entre le public qui définit la stratégie et la contrôle via les autorisations d’urbanisme, et le privé qui l’applique et construit est à revoir. De nouveaux acteurs et actrices émergent et gagnent en légitimité : collectifs d’habitantEs, de praticienNEs ou d’acteurs et actrices, structures coopératives regroupant investisseurs publics et privés, groupements d’associations et de petites structures aux compétences urbanistiques pas toujours définies… La Preuve par 7 réfléchit aux outils juridiques19, économiques et réglementaires qui permettent de construire une autre façon de travailler ensemble à la transformation du territoire, dans une démarche démocratique mobilisatrice20 qui fasse primer l’intérêt général.
Raconter pour faire école
La fabrique des territoires, c’est aussi la fabrique de l’espace politique que les citoyenNEs ont en partage. La Preuve par 7 considère que les chantiers doivent tenir un rôle de formation et de transmission. Chaque chantier fonctionne ainsi comme une université foraine, capable tout à la fois de mener une expérimentation singulière et d’en rendre compte à la communauté. En plus de construire différemment, il s’agit d’expliquer, d’illustrer, de raconter pour donner envie à celles et ceux qui désirent le changement, mais aussi pour invalider les craintes de celles et ceux qui le croient impossible.
Le laboratoire
Prendre soin des humains, du vivant et des lieux
Pour ce programme de recherche, nous souhaiterions poser collectivement la question : qu’est-ce que prendre soin en urbanisme, architecture et paysage ? En quoi cela peut-il réinterroger profondément les manières de faire instituées ? Nous avons l’intuition que la philosophie du care et le sens de nos démarches et pratiques se rejoignent à certaines intersections, mais nous souhaiterions engager plus en profondeur cette réflexion, pour ouvrir les possibles et affiner les ancrages et enrichissements mutuels de nos disciplines. Pour poser nos hypothèses, nous proposons un texte d’intentions, qui pourrait servir de « plan-guide », de trame de fond à nos interrogations durant ce laboratoire :
Prendre soin, c’est prendre sa part, c’est peut-être s’engager.
Prendre soin, c’est comprendre que l’architecture est un tout, et ne peut plus se contenter de répondre aux différentes normes et réglementations uniformisées qui la composent.
Prendre soin, c’est re-territorialiser la commande, pour lui permettre de répondre au plus juste et plus proche des besoins, à partir du déjà-là.
Prendre soin, c’est déjà faire l’état des lieux, redonner une valeur au déjà-là, comprendre, regarder et interpréter les différentes valeurs d’usage à partir de ce qui existe.
Prendre soin, c’est favoriser un urbanisme vivrier, capable d’innerver et de servir un territoire dans toutes ces composantes matérielles et immatérielles.
Prendre soin, c’est se rassembler à l’endroit même où le sujet se pose, et écouter plusieurs voix issues des différentes formes de savoirs qu’ils soient savants ou pratiques.
Prendre soin, c’est comprendre que l’enseignement doit sortir des murs et se confronter à la réalité du quotidien, dans la diversité des territoires afin de mieux appréhender l’avenir.
Prendre soin c’est faire l’école du dehors, l’école de la pratique, l’école de l’expérience pour analyser, comprendre et mieux réparer ou mieux inventer.
Prendre soin, c’est permettre que nos espaces, nos villes, nos territoires, nos architectures puissent accueillir l’autre dans une programmation ouverte sans jugement.
Prendre soin c’est faire l’état des lieux et des hommes, réparer ce qui existe pour peut-être se réparer soi-même.
C’est faire en sorte que chaque chantier devienne un lieu ouvert, le lieu du faire et de la rencontre, le lieu d’échange de savoir, de formation, d’application et d’insertion non seulement professionnelle mais aussi culturelle.
Prendre soin, c’est s’occuper de restaurer la confiance pour éviter les défiances envers toutes choses, tous êtres et tout système. La confiance ne se décrète pas, elle se construit dans le temps long.
Prendre soin, c’est par cette confiance retrouvée, restaurer la légitimité de nos institutions mais aussi l’ouvrir pour que d’autres corps de gouvernances puissent voir le jour.
C’est donc inventer de nouveaux modèles de gouvernances, plus coopératif, contributif en remettant la responsabilisation sociale au cœur du fonctionnement de nos institutions, en redonnant les clefs aux citoyenNEs.
Prendre soin c’est remettre la commande publique au cœur du processus d’activation de nos démocraties locales.
C’est donner cette commande à d’autres, participer à l’émancipation sociale, économique, culturelle et politique en expérimentant.
C’est expérimenter de nouvelles manières de faire nos territoires collectivement, restaurer la confiance entre acteurs et instaurer un nouveau contrat social pour que chacunE puisse prendre sa part à la vie de la cité.
Prendre soin, c’est peut-être retrouver le goût de du risque face aux expertises et compétences figées dans les normes, et travaillant en silo.
Prendre soin c’est laisser advenir l’imprévu, l’accueillir et lui faire une place. C’est considérer l’hospitalité comme un besoin vital à l’évolution de nos sociétés.
Prendre soin c’est prendre le temps de la confiance pour essayer et faire preuve, avant de préjuger et de figer les choses.
Sophie Ricard
Une école des cas
Pour nous, le projet architectural, urbain ou de territoire est en premier lieu un site qui réunit des intentions et des actes. Nous l’observons, le travaillons et le considérons donc principalement comme un laboratoire sociétal. Durant ce programme de recherche, nous envisagerons donc chaque site de projet comme un potentiel lieu d’enseignement.
Apprendre des délaissés
Pour structurer nos réflexions, nous prenons comme appui méthodologique le postulat selon lequel les innombrables délaissés de nos sociétés contemporaines ont des choses à nous apprendre. Nous pensons ici aux délaissés architecturaux, spatiaux, urbanistiques, botaniques ou paysagers dénommés « friches », qui sous-tendent de fait l’urbanisation. En parcourant nos territoires, il est évident que nos métropoles ne peuvent exister que par rapport à leurs négatifs : les espaces tiers, la périphérie, les marges, les forêts, les champs, le péri-urbain, les campagnes, les zones industrielles et artisanales. Mais nous pensons aussi aux délaissés humains (délaissé en revenus et en droits), et aux temps délaissés (les temps de la vie dont s’occupent certains dispositifs sociaux, d’insertion, économiques ou culturels). Nous prenons donc le pari d’observer cet « inverse du soin », ces différentes marges dans lesquelles le soin n’est plus, ou ne fonctionne pas, pour d’une part essayer de comprendre les dysfonctionnements qui les ont générées, et d’autre part observer leur inventivité en puissance21 - ou leur résilience sous contrainte22. Comme nous l’avons déjà initié autour de questions d’espèces biodiversité23, nous souhaitons nous saisir de ces temps de la vie oubliés des instances et des dispositifs de politique publique, pour repenser notre façon de faire société.
Penser dans les creux
Si bien évidemment l’abandon de ces temps, lieux et humains par la puissance publique est à déplorer, nous nous baserons sur ce que ces économies et ces cultures modernes de subsistance24 peuvent apporter à nos démocraties. En bousculant les cadres et les normes établies, les pratiques que nous observons nous aident à travailler et à transformer le socle commun – économique, politique, social, culturel, que nous devons faire évoluer. Par exemple, comment travailler sur d’autres formes de valeurs que la valeur économique de marché, à partir d’espaces et de temps de la vie délaissés ? Comment démontrer que certaines manières de vivre génèrent une forme de liberté et d’émancipation au regard de nos espaces contraints par la norme et la réglementation, par des programmes et des procédures de spécialisations figés ? Comment ces espaces peuvent-ils même devenir des lieux de reconstruction et de prévention, en laissant place à l’émancipation sociale et culturelle ?
Séminaires de cours
De septembre 2022 à juin 2023, les cours mensuels auront lieu à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris. L’enjeu, à chaque cours, sera de produire une réflexion collective avec plusieurs acteurs et actrices, autour de l’expérience d’un cas concrets - un sujet de terrain, une situation concrète. Les terrains de recherches associés pour ces cours seront soit des cas ayant déjà fait leur preuve, soit des sujets en cours d’élaboration. Nous explorerons la notion de soin à partir des délaissés, en étudiant des manières de faire expérimentales ancrées dans les méthodes déployées par la Preuve par 7, telle une recherche-action sur le terrain, une recherche en actes.
Le rôle des récits
Les expérimentations que nous accompagnons et qui seront étudiées dans le cadre du laboratoire y seront explicitées sous forme de récits, pour permettre à chacunE de se saisir des multiples enjeux soulevés. Ces récits feront d’une part office d’apprentissage et de prise de recul pour les acteurs et actrices qui les portent, et serviront de support à la discussion que nous entamerons avec les intervenantEs.
Mises en dialogues
Nous tenterons de nous éloigner d’un format de cours docte et surplombant, au vu des sujets que nous traitons et des méthodes que nous portons. Les cours seront donc structurés sous forme de dialogue entre des duos d’acteurs et actrices, pour faire se répondre des paroles « savantes » (au sens de l’expérience d’une recherche théorique sur un sujet), et des paroles « sachantes » (au sens de la pratique du sujet sur le terrain même du projet), afin de former les contours d’une expérimentation en actes. Nous ferons intervenir une diversité d’acteurs et actrices du réseau de projets et de pensées de la Preuve par 7, ainsi que d’autres invitéEs, chercheurs et chercheuses et théoricienNEs issuEs des nouveaux réseaux de notre plateforme en cours d’élaboration.
Des études de cas territorialisées
Réfléchir à partir des cas de terrains, d’objets concrets et singuliers, en réunissant une diversité d’acteurs qui ont un intérêt particulier à redéfinir à partir de ce cas d’étude leur pratique dans un cadre commun. Faire cours sur un sujet thématisé à partir d’un contexte et d’une problématique de territoire très localisée, soulevée par les acteurs et actrices impliquéEs. Pour cela, nous nous appuyons sur les différents terrains d’expérimentation que nous accompagnons, et les sites de nos partenaires associés cités plus bas qui ont mis en œuvre ou qui expérimentent, à partir d’un délaissé, une autre façon de construire et donc d’habiter et de vivre leur territoire.
Lancement
Entamer la conversation
Le 15 Septembre 2022 au CNAM à Paris, nous lançons le démarrage du Laboratoire des Délaissés au Conservatoire National des Arts et Métiers. L’enjeu est de rassembler les réseaux d’actions et de pensées, les différents champs disciplinaires, les différentes cultures – celles avec lesquelles nous travaillons depuis des années, et celles avec qui nous allons travailler au sein du Laboratoire. Architectes, urbanistes, acteurs et actrices des champs scientifiques, du médico-social (santé sociale/santé mentale/insertion des populations…) : nous nous retrouvons, échangeons pour entamer la conversation, le temps d’une matinée et d’un déjeuner partagé.
Ouverture
Rapprocher les écoles de pensées – Proof of concept, l’expérimentation face à la loi
- Conversation entre Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, titulaire de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital et Patrick Bouchain, architecte constructeur, fondateur de la Preuve par 7.
- Présentation du Laboratoire des Délaissés par Sophie Ricard et Édith Hallauer.
- Récit-étude d’un cas concret : expérimenter une programmation ouverte dans une ancienne faculté des sciences en plein centre-ville
Le cas de l’Hôtel Pasteur à Rennes - L’appropriation d’un délaissé urbain peut-il faire acte de soin ?
À partir du récit à plusieurs voix de la programmation ouverte à l’Hôtel Pasteur avec « L’Université Foraine » qui a donné lieu à une commande d’un nouveau genre par la mise à l’épreuve d’un bâtiment par l’usage, nous étudierons comment la réouverture et l’occupation progressive d’une ancienne faculté des sciences a pu redevenir un temps et un espace clef dans la vie des exclus, et dans le travail commun de nos institutions sociales et de santé par le rassemblement des acteurs et actrices. La commande publique et la fabrique de la ville peuvent-elles redevenir un corps d’action sociétal ? Peut-on se reconstruire en construisant ensemble à partir du déjà là ? Comment rassembler nos institutions autour d’une problématique urbaine et sociale qu’est la vacance patrimoniale face aux besoins immédiats de société ? Qu’est-ce que cela génère du point de vue du lieu lui-même, de son statut, de sa programmation, de sa gouvernance et de ses usages ? Comment la commande publique peut redevenir un levier identifié pour faire de l’acte de construire un projet de société ? Comment l’acte de construire peut nous restaurer dans nos puissances d’agir ?
Avec : Sophie Ricard (permanence architecturale de l’Hôtel Pasteur), Philippe le Ferrand (équipe mobile précarité et psychiatrie de l’Hôpital Psychiatrique Guillaume Régnier), Erwan Godet (Breizh Insertion Sport). Animation par Edith Hallauer.
CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE DES ARCHITECTES, « « Permis de faire » : la voie est ouverte », 12 mai 2017 [En ligne].
ASSOCIATION HÔTEL PASTEUR ET MICHALAK Anna, Permis de se reconstruire – un chantier de remobilisation au sein du bâtiment Pasteur à Rennes, Rennes, 2020.
BARTON Hugh et TSOUROU, Urbanisme et santé, un guide de l’OMS pour un urbanisme centré sur les habitants, Rennes, Association S2D., 2004.
BOUCHAIN Patrick, Construire autrement : comment faire ?, Arles, Actes Sud, 2006.
BOUCHAIN Patrick, BLANCKAERT Marie, CATSAROS Christophe, HALLAUER Édith, RICARD Sophie et WALDSCHMIDT Pascal, Pas de toit sans toi : réinventer l’habitat social, Arles, Actes Sud, 2016.
Collectif, « Les Actes de Venise / C’est quoi Pasteur en 2020 ? Laboratoire de travail du 19 au 25 août 2018 ».
DEGEORGES Patrick et NOCHY Antoine, La Forêt des délaissés – l’Atelier, Paris, Institut Français d’architecture, 2000.
DELIGNY Fernand, Graine de crapule, Paris, Dunod, 1998.
FLEURY Cynthia, Ci-gît l’amer : guérir du ressentiment, Paris, Gallimard, 2020.
FLEURY Cynthia, Le soin est un humanisme, Paris, France, Gallimard, 2019.
FREDRIKSSON Sylvia, « Praxis du droit et design des instances » dans Juristes embarqués, la créativité réglementaire pour les tiers-lieux créateurs de communs, p. 190, Paris, ANCT, France Tiers-Lieux, 27e Région, 2021.
GUATTARI Félix, Les trois écologies, Paris, Galilée, 1989.
HALLAUER Edith, Du vernaculaire à la déprise d’œuvre : Urbanisme, architecture, design, Université Paris-Est, Champs-sur-Marne, 2017.
HALLAUER Édith, « Habiter en construisant, construire en habitant : la « permanence architecturale », outil de développement urbain ? » dans Métropoles, n° 17, 15 décembre 2015 [En ligne].
ILLICH Ivan, « Le chômage créateur » dans Œuvres complètes Volume II, s.l., p. 23-90, Fayard, 2005.
LATOUR Bruno, « Il n’y a pas de monde commun : il faut le composer » dans Multitudes, n°45, p. 38-41, 2011 [En ligne].
MOTTA Liliana et collectif, Le Laboratoire du Dehors, Paris, De-Hors, 2013.
NICOLAS-LE STRAT Pascal, Le travail du commun, Saint Germain sur Ille, Éditions du commun, 2016.
PRUVOST Geneviève, Quotidien politique : féminisme, écologie et subsistance, Paris, la Découverte, 2021.
PUIG DE LA BELLACASA María, Les savoirs situés de Sandra Harding et Donna Haraway: science et épistémologies féministes, Paris, l’Harmattan, 2014.
RAHNEMA Majid et ROBERT Jean, La puissance des pauvres : essai, Arles, Actes Sud, 2012.
RECLUS Élisée, KROPOTKINE Pierre et PERRON Charles, La joie d’apprendre, Genève, Editions Héros-Limite, 2018.
RICARD Sophie, « La permanence architecturale et urbaine, outil au service des territoires » dans Candidature au Palmarès des Jeunes Urbanistes 2020.
ROUX Benjamin, L’art de conter nos expériences collectives: faire récit à l’heure du storytelling, Rennes, Éditions du commun, 2018.
SORMAN Joy, L’inhabitable, Paris, France, L’arbalète Gallimard, 2016.
TOSQUELLES François et MASÓ ILLAMOLA Joana, Soigner les institutions, traduit par Pascale Bardoulaud, Antoine Viader, Renée Bonifias, Annie Bats et Sandra Álvarez de Toledo, Paris, L’Arachnéen, 2021.
C. TRONTO Joan, « Vers une architecture du ménagement » dans Topophile, traduit par Martin Paquot, 31 janvier 2021 [En ligne].
LOWENHAUPT TSING Anna, Le champignon de la fin du monde: sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, traduit par Philippe Pignarre, Paris, La Découverte, 2017.
« Décret n° 2017-1044 du 10 mai 2017 portant expérimentation en matière de construction ».
- GUATTARI Félix, Les trois écologies, Paris, Galilée, 1989.
- LOWENHAUPT TSING Anna, Le champignon de la fin du monde: sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, traduit par Philippe Pignarre, Paris, La Découverte, 2017.
- C. TRONTO Joan, « Vers une architecture du ménagement » dans Topophile, traduit par Martin Paquot, 31 janvier 2021 [En ligne].
- PUIG DE LA BELLACASA María, Les savoirs situés de Sandra Harding et Donna Haraway: science et épistémologies féministes, Paris, l’Harmattan, 2014.
- Les expérimentations évoquées ici sont celles de l’association Notre Atelier Commun, dénommées le « chantier acte culturel », le « 1 % scientifique », les « permanences architecturale », « Construire Ensemble le Grand Ensemble », ou encore les « Universités Foraines ».
- BOUCHAIN Patrick, Construire autrement : comment faire ?, Arles, Actes Sud, 2006.
- MOTTA Liliana, Le Laboratoire du Dehors, Paris, De-Hors, 2013.
- BOUCHAIN Patrick, BLANCKAERT Marie, CATSAROS Christophe, HALLAUER Édith, RICARD Sophie et WALDSCHMIDT Pascal, Pas de toit sans toi : réinventer l’habitat social, Arles, Actes Sud, 2016.
- FLEURY Cynthia, Le soin est un humanisme, Paris, France, Gallimard, 2019.
- Collectif, « Les Actes de Venise / C’est quoi Pasteur en 2020 ? Laboratoire de travail du 19 au 25 août 2018 ».
- « Décret n° 2017-1044 du 10 mai 2017 portant expérimentation en matière de construction ».
- CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE DES ARCHITECTES, « « Permis de faire » : la voie est ouverte », 12 mai 2017 [En ligne].
- NICOLAS-LE STRAT Pascal, Le travail du commun, Saint-Germain-sur -Ille, Éditions du commun, 2016.
- LATOUR Bruno, « Il n’y a pas de monde commun : il faut le composer » dans Multitudes, n°45, p. 38-41, 2011 [En ligne].
- TOSQUELLES François et MASÓ ILLAMOLA Joana, Soigner les institutions, traduit par Pascale Bardoulaud, Antoine Viader, Renée Bonifias, Annie Bats et Sandra Álvarez de Toledo, Paris, L’Arachnéen, 2021.
- HALLAUER Édith, « Habiter en construisant, construire en habitant : la « permanence architecturale », outil de développement urbain ? » dans Métropoles, n° 17, 15 décembre 2015 [En ligne].
- HALLAUER Edith, Du vernaculaire à la déprise d’œuvre : Urbanisme, architecture, design, Université Paris-Est, Champs-sur-Marne, 2017.
- MOTTA Liliana, Le Laboratoire du Dehors, Paris, De-Hors, 2013.
- FREDRIKSSON Sylvia, « Praxis du droit et design des instances » dans Juristes embarqués, la créativité réglementaire pour les tiers-lieux créateurs de communs, p. 190, Paris, ANCT, France Tiers-Lieux, 27e Région, 2021.
- FLEURY Cynthia, Ci-gît l’amer : guérir du ressentiment, Paris, Gallimard, 2020.
- RAHNEMA Majid et ROBERT Jean, La puissance des pauvres : essai, Arles, Actes Sud, 2012.
- DELIGNY Fernand, Graine de crapule, Paris, Dunod, 1998.
- DEGEORGES Patrick et NOCHY Antoine, La Forêt des délaissés – l’Atelier, Paris, Institut français d’architecture, 2000.
- PRUVOST Geneviève, Quotidien politique : féminisme, écologie et subsistance, Paris, la Découverte, 2021.
C’est ainsi que Patrick Bouchain propose d’expérimenter, pour faire jurisprudence avec une architecture, un urbanisme contextuel. Pourrait-on même inscrire le principe d’expérimentation dans la loi ?
Le 7 juillet 2016, l’article 88 de la loi du 7 juillet 2016 relative à la Liberté de Création, à l’Architecture et au Patrimoine (LCAP) met en place le « permis de faire ». Il autorise, pour une durée expérimentale de sept ans, les acteurs de la construction - des maîtres d’ouvrages publics et bailleurs sociaux - à expérimenter et proposer des alternatives à certaines règles, à condition d’en remplir les objectifs fixés par d’autres moyens. Une loi, donc, qui érige une approche pragmatique et opérationnelle au détriment d’une normativité rigoriste. Les décrets d’application qui paraissent en font pourtant une loi techniciste, qui sera finalement abrogée en 2018 mais dont les principes seront repris par le permis d’innover et d’expérimenter, étendus aux maîtres d’ouvrages privés, et ce dans un esprit technique de dérogation plutôt que dans une dynamique d’expérimentation juridique et constructive.
La Preuve par 7 a choisi d’en expérimenter l’ « esprit plus que la lettre » sur le terrain à partir d’une diversité de cas et d’échelles d’expérimentation. En voici quelques hypothèses :
« Déplacer les lignes en matière de décision de dérogation pour placer le processus expérimental et le projet architectural au centre. C’est l’expérience collective qui ainsi devient moteur de la décision et engendre des arbitrages partagés, notamment en termes de solutions dans le registre de la construction et dans la hiérarchie des normes. »
« S’extraire de la logique de juxtaposition des réglementations et mettre en avant la cohérence des choix en les hiérarchisant à partir de l’intégration des objectifs pour un projet contextualisé, avec un site et ses caractéristiques, un porteur de projet… plutôt que des règles. »
« Accepter de créer de la connaissance nouvelle et que la connaissance n’est pas acquise a priori. »
Christophe Catsaros a réalisé un entretien collectif dans lequel il tente de comprendre la portée de cette nouvelle loi avec ceux dont la pratique architecturale s’apparente le plus à l’esprit de l’article 88.
Compte rendu détaillé des trois années de chantier (textes, plan, photographies et témoignages)
Convention partenariale établissant les rôles et les contributions de chacun des six acteurs de la permanence architecturale dans l'ancienne gare de Lunel : SNCF Immobilier, à l’origine du projet ; la Ville et la Communauté de Communes du Pays de Lunel, les deux collectivités politiques du territoire ; la Banque des Territoires, qui soutient les expérimentations de développement local ; la Preuve par 7, « tiers de confiance » et accompagnateur de la démarche ; et Mathilde Tournyol du Clos, architecte installée à Montpellier et permanente dans l’ancienne gare.
Premier prêt à usage signé par la SNCF aux fins de mettre à disposition de l'architecte en permanence une partie des locaux de l'ancienne gare de Lunel à titre gracieux.
Le récit est cette parole, ce texte qui met en forme les traces, les gestes et les expériences singulières aux fins d’adresser une histoire collective, précise, utile, que l’auditeur ou le lecteur pourra lui-même continuer. Faire récit est ainsi un geste qui en ouvre d’autres.
Marché de conception-réalisation qui insiste sur le réemploi et permet, en associant le concepteur et l'entreprise dès le début du projet, de faire évoluer le dessin de la cité de chantier en fonction des matériaux trouvés.
Appel d'offre pour la construction de la cité de chantier de la Grande Halle insistant sur la démarche de chantier ouvert, d'économie circulaire et de réemploi.
Appel d'offre pour la reconversion de la Grande Halle en un tiers-lieu permettant à la fois des activités professionnelles et une ouverture au public. Le recours à un accord-cadre mono-attributaire permet au maître d'ouvrage de ne choisir qu’une seule entreprise pour l’ensemble des marchés qui seront définis au fur et à mesure. Il offre ainsi deux avantages pour un projet dont le périmètre est mouvant et pas encore nettement fixé : une relative stabilité dans la constellation des acteurs et une plus grande agilité dans la conduite du projet.
SNCF rouvre une ancienne gare à tous les publics et tente de la transformer en lieu de vie et d’expérimentation collective
Fiche de proposition de travaux dans le cadre du « mandat patrimoine » : un recto-verso qui constate, par un diagnostic, les carences de l’existant et propose des hypothèses de restauration. Le document, simple, très précis et portant sur un point de l’architecture, est envoyé au référent de l’Unité départementale de l’architecture et du patrimoine (UDAP), dépendant de la DRAC, qui répond sous huitaine : soit il autorise la modification, soit il l’ajourne, soit il la refuse, en motivant son avis, et préconise, le cas échéant, qu’elle soit incluse dans le futur permis de construire.
Fiche de proposition de travaux dans le cadre du « mandat patrimoine » : un recto-verso qui constate, par un diagnostic, les carences de l’existant et propose des hypothèses de restauration. Le document, simple, très précis et portant sur un point de l’architecture, est envoyé au référent de l’Unité départementale de l’architecture et du patrimoine (UDAP), dépendant de la DRAC, qui répond sous huitaine : soit il autorise la modification, soit il l’ajourne, soit il la refuse, en motivant son avis, et préconise, le cas échéant, qu’elle soit incluse dans le futur permis de construire.
Fiche de proposition de travaux dans le cadre du « mandat patrimoine » : un recto-verso qui constate, par un diagnostic, les carences de l’existant et propose des hypothèses de restauration. Le document, simple, très précis et portant sur un point de l’architecture, est envoyé au référent de l’Unité départementale de l’architecture et du patrimoine (UDAP), dépendant de la DRAC, qui répond sous huitaine : soit il autorise la modification, soit il l’ajourne, soit il la refuse, en motivant son avis, et préconise, le cas échéant, qu’elle soit incluse dans le futur permis de construire.
Le collectif Zerm propose d'installer dans le couvent des Clarisses une permanence architecturale qui mènera de front menus travaux de restauration et étude des usages dans le cadre d'une programmation ouverte du bâtiment.
Appel à projet lancé par la ville de Roubaix pour l'occupation transitoire du couvent des Clarisses, monument historique racheté par la commune avec la volonté de le transformer en un lieu dédié au « zéro déchet » et à l’économie circulaire.
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Patrick Bouchain est architecte et co-fondateur de la Preuve par 7. L’expérimentation et la programmation ouverte dans l’architecture comme dans la vie. « Dès qu’on fait quelque chose, on influe sur la chose à venir » : c’est l’incrémentalisme et la jurisprudence.
Programme commun de recherche en actes porté par la Chaire de philosophie à l’hôpital et la Preuve par 7
15 Septembre 2022
Le Laboratoire des Délaissés est un programme de recherche en actes, porté par la Chaire de Philosophie à l’Hôpital et la démarche de la Preuve par 7, dont l’enjeu est de questionner la notion de soin et d’attention en urbanisme, architecture et paysage, entendue au sens large1. Inspiré par l’éthique du care, il pose comme hypothèse que les innombrables délaissés – humains, paysagers, construits ou non – dans et avec lesquels nous vivons2 ont des enseignements à nous offrir et des défis à nous tendre, si nous prenons le temps de les comprendre. Nous prendrons donc ce temps d’écoute et de dialogue, pour repenser ensemble ce que pourraient être les manières de ménager3 nos territoires, et les formes de vie qui les habitent. Nous tenterons de démontrer qu’occuper ces espace-temps et ces espaces construits permet de réinventer le commun.
Entamer la conversation
Le 15 Septembre 2022, nous lançons le démarrage du Laboratoire des Délaissés au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris. L’enjeu est de rassembler les réseaux d’actions et de pensées, les différents champs disciplinaires, les différentes cultures – celles avec lesquelles nous travaillons depuis des années, et celles avec qui nous allons travailler au sein du Laboratoire. Architectes, urbanistes, acteurs et actrices des champs scientifiques, du médico-social (santé sociale/santé mentale/insertion des populations…) : nous nous retrouvons, échangeons pour entamer la conversation, le temps d’une matinée et d’un déjeuner partagé.
Rapprocher les écoles de pensées – Proof of concept, l’expérimentation face à la loi
- Conversation entre Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, titulaire de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital et Patrick Bouchain, architecte constructeur, fondateur de la Preuve par 7.
- Présentation du Laboratoire des Délaissés par Sophie Ricard et Édith Hallauer.
- Récit-étude d’un cas concret : expérimenter une programmation ouverte dans une ancienne faculté des sciences en plein centre-ville
Le cas de l’Hôtel Pasteur à Rennes - L’appropriation d’un délaissé urbain peut-il faire acte de soin ?
À partir du récit à plusieurs voix de la programmation ouverte à l’Hôtel Pasteur avec « L’Université Foraine » qui a donné lieu à une commande d’un nouveau genre par la mise à l’épreuve d’un bâtiment par l’usage, nous étudierons comment la réouverture et l’occupation progressive d’une ancienne faculté des sciences a pu redevenir un temps et un espace clef dans la vie des exclus, et dans le travail commun de nos institutions sociales et de santé par le rassemblement des acteurs et actrices. La commande publique et la fabrique de la ville peuvent-elles redevenir un corps d’action sociétal ? Peut-on se reconstruire en construisant ensemble à partir du déjà là ? Comment rassembler nos institutions autour d’une problématique urbaine et sociale qu’est la vacance patrimoniale face aux besoins immédiats de société ? Qu’est-ce que cela génère du point de vue du lieu lui-même, de son statut, de sa programmation, de sa gouvernance et de ses usages ? Comment la commande publique peut redevenir un levier identifié pour faire de l’acte de construire un projet de société ? Comment l’acte de construire peut nous restaurer dans nos puissances d’agir ?
Avec : Sophie Ricard (permanence architecturale de l’Hôtel Pasteur), Philippe le Ferrand (équipe mobile précarité et psychiatrie de l’Hôpital Psychiatrique Guillaume Régnier), Erwan Godet (Breizh Insertion Sport). Animation par Édith Hallauer.
En réponse à l'appel d'offre lancé par Normandie aménagement pour la réhabilitation de la Grande Halle, l'agence Construire propose d'installer une permanence architecturale au sein d'une "cabane de chantier" pour en faire le lieu de convergence de tous les acteurs et actrices du projet et préfigurer les usages de la Grande Halle une fois réhabilitée.
Convention tripartite entre le CAUE du Finistère, la commune de Plouezoc'h et l'architecte mandataire encadrant la résidence architecturale.
Appel à candidature du CAUE du Finistère pour des résidences architecturales dans trois villages du Finistère qu'il accompagne dans leurs projets d'aménagement.
Appel d’offre pour la rénovation intérieure des soixante maisons en site occupé intégrant tous les lots mais à destination d’entreprises en corps d’état séparés afin de favoriser les entreprises locales spécialisées.
« Fiche maison » personnalisée rédigée par Sophie Ricard, architecte en permanence, en lien étroit avec l’habitantE, tel un guide d’une vingtaine de pages, mélange de roman-photo, de dessins techniques à main levée, de cahier des charges et de tableaux estimatifs indiquant aux entreprises sollicitées les travaux à effectuer dans la maison.
« Fiche maison » personnalisée rédigée par Sophie Ricard, architecte en permanence, en lien étroit avec l’habitantE, tel un guide d’une vingtaine de pages, mélange de roman-photo, de dessins techniques à main levée, de cahier des charges et de tableaux estimatifs indiquant aux entreprises sollicitées les travaux à effectuer dans la maison.
« Fiche maison » personnalisée rédigée par Sophie Ricard, architecte en permanence, en lien étroit avec l’habitantE, tel un guide d’une vingtaine de pages, mélange de roman-photo, de dessins techniques à main levée, de cahier des charges et de tableaux estimatifs indiquant aux entreprises sollicitées les travaux à effectuer dans la maison.
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Michèle Raunet est notaire, spécialiste du droit de l’immobilier. Histoire de l’évolution du droit de la propriété immobilière, des nouveaux droits acquis grâce à la souplesse et à l’inventivité du Code Civil. Distinction entre le droit positif qui permet d’expérimenter (créer dans le respect de la loi) et le droit technique qui fige (normes techniques à valeur juridique). Importance de la souplesse sur l’évolution des usages mais fermeté sur les critères écologiques pour la durabilité. Ne pas figer les usages dans les documents du droit privé. Des PLU1 intelligents permettent aussi cette évolutivité en maintenant les garde-fous : le droit public définit le cadre des possibilités du droit privé (ex : le droit privé permet de transformer un immeuble de logements en Airbnb mais le droit public de la Ville de Paris empêche la réversibilité sur les logements, les équipements publics et les commerces en rez-de-chaussée). Il faut associer les gens et les juristes aux projets urbains. Le juriste est là pour créer. Importance de la confiance pour de nouveaux contrats.
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Olivier Jaspart est juriste en collectivité territoriale et promeut le droit administratif des biens communs (art. 714 Code Civil). Histoire de la notion de biens communs. Distinction entre biens communs (passifs mais instaurant une communauté d’usage) et le commun (cette communauté d’usage qui préserve les biens communs). Distinction entre commun administratif (où l’administration publique gère un commun mais définition de plus en plus resserrée) et commun (démocratie participative à Grenoble ; collectif d’habitants à Strasbourg...). C’est l’usage de la chose essentielle à la collectivité qui fait qu’elle est d’utilité publique (et pas d’intérêt général) et soumise au droit public. Premier obstacle : l’usager du service public est vu comme passif et ne participe pas à la création des règles du service. Un commun administratif induit la co-décision, que l’usager participe à la préservation de la chose commune et définit les règles de destination de la chose. Face aux contentieux quotidiens, le droit administratif est expérimental, grâce au trio État-juge-commune. Quel commun ? Quelle communauté ? Que peut-elle faire ?
Partenariat de développement de projet entre le bailleur social Habitat du Littoral et l'association Notre Atelier Commun encadrant l'expérimentation "en vraie grandeur" d'une méthode de production de logements via la permanence architecturale.
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Sonia Vu est architecte. Elle raconte ses expérience en permanence architecturale (Venise, Le Manable à Argentan) qui ouvrent les perspectives et proposent une méthode pour l’expérimentation (études, chantier, réemploi...). Son témoignage insiste particulièrement sur la question du réemploi. Par exemple, sur le chantier du WIP a été expérimentée la première porte coupe-feu en réemploi. La jurisprudence s’immisce dans les brèches et les failles. La prise de risque n’est jamais inconsciente mais toujours responsable. La permanence nécessite un mélange de naïveté et de compétences. Il faut accepter de ne pas savoir, s’autoriser un droit à l’erreur que l’on rattrape ensuite. Quelque chose qui n’a pas fonctionné permet de tester d’autres choses, transformant ainsi la vision habituelle de « l’échec ». « Il faut être audacieux dès le début, puisqu’on perdra toujours un peu au fil du projet ». La norme a cependant un grand intérêt : « beaucoup de choses ont été poussées sur le béton donc on peut faire beaucoup mais on manque de normes sur la construction en bois, on rentre donc moins dans un cas et on peut moins faire ». La jurisprudence comme étude et travail de preuve par l’essai fait évoluer la norme et permet de renforcer de nouveaux projets ensuite. Le récit est la meilleure boîte à outils pour partager ces expériences.
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Marc Ganilsy est avocat. Une définition de la jurisprudence comme convergence des décisions et des usages éprouvés. Les initiatives privées peuvent faire changer les normes. Réflexion sur le foncier public et l’intérêt général. « Il faut passer par la légitimité des actions pour aboutir à une loi ». Le droit d’expérimenter dans la Constitution. Réflexion sur l’expertise citoyenne, sur les servitudes et les communs. Valorisation de l’expérimentation, liée à l’évaluation par la documentation.
Une cité de chantier comme laboratoire du projet à construire
Cette fiche présente une approche des Partenariats Public-communs, adossée à la transformation du droit public et inscrite dans la continuité des logiques de délégation de gestions des institutions publiques en faveur des citoyens.
Laisser place à l’imprévu en occupant collectivement, en cœur de ville, un bâtiment public universitaire vacant et le réhabiliter tout en se formant : une programmation ouverte pour construire et se reconstruire
Une association met en place, à l’échelle d’un département, des « résidences de programmation active » pour accompagner trois communes dans leurs projets d’aménagement
60 chantiers pour 60 maisons : dénormer le logement social en le rénovant sur mesure, en site occupé, avec la participation active de ses habitantEs
Réhabiliter progressivement un monument historique en l'occupant frugalement tout en l’ouvrant aux habitantEs